Avant de pouvoir espérer introduire les principes de la loi évangélique dans la législation, les hommes politiques chrétiens auront pour tâche de défendre et de promouvoir les principes de la loi naturelle. Et quand on voit le peu de chance d’amélioration immédiate dans ce domaine même de la loi naturelle au niveau de l’Etat, on doit convenir que, pour le moment, l’action politique consiste de plus en plus à en freiner la chute.
De telles constatations permettent de toucher du doigt l’inanité de formules ordonnées à la mise en place rapide d’un pouvoir catholique.
Sans doute, des formules de ce genre trouvent-elles un écho complice dans la puissance du rêve qui sommeille en tout homme et qui, en l’occurrence, lui laisse espérer avoir trouvé la formule magique pour sortir rapidement des difficultés, rêve qui prend d’autant plus facilement corps que ces méthodes ne passent pas par l’accomplissement des devoirs d’état toujours si astreignants… Et puis, n’est-il pas exaltant de mener son combat au coude à coude serré entre gens pensant de même ? N’est-il pas exaltant de partager les mêmes émotions à l’audition de discours enflammés des leaders beaux parleurs qui font rarement défaut à ce genre d’organisation ?
Ceci dit, on ne peut nourrir l’espoir de restaurer un Etat catholique tant qu’un tissu social (familles et corps intermédiaires) suffisamment catholique ne sera pas rétabli. Car si le rôle de l’Etat est de perfectionner, redresser, compléter, harmoniser, aider les familles et les corps intermédiaires, le rétablissement d’un Etat sain suppose l’existence d’un consensus suffisant de familles et de corps intermédiaires sains.
De plus, s’il est vain de miser sur le rétablissement rapide d’un pouvoir catholique, il l’est tout autant d’escompter former les cadres politiques de demain par la participation aux formules d’action grégaire dont il était question plus haut.
En effet, sortir les hommes des cadres de leurs devoirs d’état afin de leur proposer un combat dans un des mouvements grégaires et massifiés, n’éduque pas à l’exercice des responsabilités naturelles à un plus haut niveau.
C’est l’exercice du pouvoir de décision dans le cadre des communautés naturelles que sont la famille et les corps intermédiaires qui éduque le mieux ceux qui en possèdent les virtualités à pouvoir bien exercer des responsabilités au niveau de cette communauté supérieure qu’est l’Etat.
Toutes ces considérations, si elles nous montrent le peu d’efficacité qu’il y a à attendre actuellement au niveau de l’Etat, nous conduisent insensiblement à parler de la cellule de base de la société qu’est la famille.